Certains noms sonnent mal à l’oreille, lorsqu’on les prononce. Tel est le cas du nom « Zaïre », de la deuxième République. À l’instar du sigle « AFDL », ce mot évoque un mauvais souvenir pour nombreux Congolais et chercher à le restaurer, même en lui ajoutant le qualificatif « nouveau » est une erreur d’approche.
Mobutu n’était certes pas le diable en personne. Mais, de là à chercher à faire revenir le nom de la deuxième République est non seulement anachronique mais, c’est aussi oublier que beaucoup d’eau a coulé sous le pont. Le contexte des années 60 n’étant pas celui j’aujourd’hui, pour qu’on parle de « New Zaïre », il faudrait en réalité qu’il y ait aussi un « new Mobutu » c’est-à-dire un dictateur et un nouveau « MPR ». Voilà !
Sinon, c’est curieux de constater qu’il y ait encore des gens qui croient naïvement qu’il existerait de Congolais qui attendent d’être « libérés ». Ce peuple meurtri a fait une fois cette expérience, en accueillant chaleureusement l’Alliance des forces démocratiques pour la libération du Congo (AFDL) et il est déçu : cela n’a été que l’ouverture de la boite de pandore dont les conséquences désastreuses continuent jusqu’aujourd’hui. En lingala on dira « Congolais alapi », (Ndlr ce qui veut dire le Congolais a juré…).
Les ex-Zaïrois, on le sait, aspirent depuis 1960 à une vie meilleure, laquelle demeure jusque-là une illusion. Seulement, ils sont loin de prendre pour Moïse le « libérateur » tout quidam qui se présente à eux. D’ailleurs, personne n’est plus dupe de croire que l’amélioration de la situation sociale passe par le changement à la tête de l’exécutif. On en veut pour preuve plusieurs chefs d’Etat qui se sont succédés en 64 ans d’indépendance à la tête du pays, mais le peuple est toujours l’un des plus pauvres de la planète.
Le changement social n’est toujours pas au rendez-vous. Victime sempiternelle de la corruption, de l’inflation, de la dépréciation monétaire… le Congolais lambda, dont la vie prosaïque est un calvaire permanent, est devenu méfiant.
C’est ici que l’échec de la tentative de prise d’assaut du Palais de la Nation, le dimanche 19 mai vers 4 heures, doit servir de leçon à une certaine diaspora qui pense que prendre le pouvoir au Congo est une sinécure. Effectivement, aller boutiquer des choses au Vatican ou ailleurs est une chose, mais prendre le pouvoir par un moyen non constitutionnel au Congo est une autre. On peut se permettre d’empêcher les artistes de jouer dans des salles en Europe, injurier sur les réseaux sociaux, mais ne pas se permettre de venir à Kinshasa faire un coup de force.
Autant dire que les gens de Malanga auraient dû demander conseil au prophète Paul Mukungubila dont les adeptes avaient attaqué simultanément, le 30 décembre 2013, les symboles de l’Etat dans quelques villes du pays, notamment la RTNC où ils avaient fait incursion.
Laconiquement, l’opinion doit savoir que le moment des putschs est révolu car, pour d’aucuns, les deux coups de forces perpétrés en 1965 et en 1997 ne sont pas inscrits dans l’histoire de la RD Congo comme des moments saillants. Le premier a ouvert la porte à une dictature ignoble et le deuxième a consacré l’infiltration des institutions de la RDC par des forces rwando-ougandaises. Heureusement que les autorités ont bien fait de dédier la journée du 17 mai, dite de la libération, aux forces armées.
Les Congolais aujourd’hui ont besoin des braves comme Mamadou Ndala dans tous les domaines, pour notamment mettre hors d’Etat de nuire Kigali et aussi pour leur donner du pain.
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