Sa voix porte plus que celles des députés nationaux et provinciaux, les sénateurs et les membres du gouvernement central originaires du grand Kasaï. L’abbé Blaise Kanda, connu pour sa franchise, est tout sauf un flatteur, raison pour laquelle il n’a pas peur de dire la vérité. Avec l’arrivée de Félix Tshisekedi à Mbuji-Mayi, il en a profité pour lui demander des comptes ainsi qu’aux élus du terroir, sur leurs promesses non tenues. Un tel monsieur est plus qu’un conseiller spécial du chef de l’Etat.
Le prêtre catholique connu communément au nom d’abbé Blaise Kanda a, dans une vidéo devenue virale sur les réseaux sociaux, demandé à la population du Kasaï Oriental, d’exiger des comptes au président Félix Tshisekedi qui est arrivé à Mbuji-Mayi le 26 décembre 2024. Le prélat voudrait, ensemble avec ses fidèles, avoir des réponses claires et précises sur la réhabilitation de la route Kalamba-Mbuji, la cimenterie de Katanda et sur la Minière de Bakwanga (MIBA).
Plusieurs fois, il a insisté sur la route Kalamba-Mbuji, un projet dont Félix Tshisekedi avait lancé les travaux de réhabilitation et modernisation en septembre 2022. « …Nous voulons qu’on nous parle plus de Kalamba-Mbuji, de la cimenterie de Katanda, du relèvement de la MIBA, là nous allons vous écouter. A part cela ne venez pas nous parler, on ne vous écoutera pas. Qui que vous soyez on ne vous écoutera pas. Tous ceux qui ont été élus, si vous revenez, cette fois-ci Kalamba Mbuji n’est pas encore achevé. On ne vous écoutera pas, on considérera que vous êtes des menteurs, sans Kalamba-Mbuji ne venez plus… », a-t-il déclaré.
Une voix qui cloche…
Après six ans passés au pouvoir, Félix Tshisekedi n’a presque rien fait pour le décollage socioéconomique du grand Kasaï. Alors que nombreux ressortissants de ce coin du pays œuvrent au sein du gouvernement central, dans les deux chambres du parlement et dans des institutions provinciales, les Kasaï Orientale et Centrale en particulier sont comme des provinces orphelines. Il fallait quelqu’un de courageux comme ça pour le dénoncer. Pourtant, à son arrivée au pouvoir Félix Tshisekedi n’avait qu’à s’appuyer sur les infrastructures dont les chantiers existaient déjà.
L’abbé Blaise Kanda, en personne qui connait mieux que quiconque l’importance que revêt les quelques sociétés devenues boiteuses et projets du grand Kasaï, n’a cessé de marteler dessus dans son homélie. « Réveillez-vous et faites quelque chose pour Kananga. Vous avez créé des situations que vous n’avez pas géré. Terminez l’histoire de Kananga, ce n’est pas bien. Et puis ne revenez pas ici nous parler s’il n’y a pas Kalamba-Mbuji, on ne vous écoutera pas, la population ne vous écoutera pas. Population soyons exigeant, la route de Kalamba-Mbuji », a crié l’abbé Blaise Kanda.
« Ce prêtre …a le courage de dire des choses qui ne marchent pas au Président de la République…il exige la MIBA, Kalamba-Mbuji, la cimenterie de Katanda », fait remarquer Alphonse Ngoy Kasanji, député national membre de l’Union sacrée de la nation.
Une route stratégique, mais négligée
Si la route de Kalamba-Mbuji, surnommée « Route de l’espoir », est réhabilitée, celle-ci facilitera notamment des transactions commerciales entre les provinces de Lunda Norte (Angola) et du Kasaï central. Cette route de 225 kilomètres est aussi stratégique parce qu’elle donne également accès à l’océan Atlantique par le port de Lobito. Faute de sa réhabilitation, la population ne reçoit des marchandises que par Matadi ou par Kasumbalesa et cela remonte à l’époque postcoloniale. Sa modernisation aura non seulement un impact positif pour l’économie du grand Kasaï mais aussi pour celle du Maniema.
Joseph Kapika, autrefois ministre de l’Economie sous Joseph Kabila avait qualifié cette route ainsi que le barrage hydroélectrique de Katende de « projets clés, vitaux et capitaux ».
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