Consitution du 18 février 2006 : Trop de fausses accusations! (Edito)

La constitution du 18 fevrier 2006 n’empêche pas de construire des routes, de fournir de l’eau et de l’électricité, de payer les fonctionnaires… « Qui veut noyer son chien l’accuse de rage », dit-on.

Toute honte bue, un homme politique affirme sur les réseaux sociaux qu’il a demandé au chef de l’Etat, aux présidents des deux chambres du Parlement et au Premier ministre de le recevoir afin de leur faire voir comment la constitution du 18 février 2006 vend le pays, mais personne n’a daigné accepter lui accorder cette possibilité.

Heureusement que personne n’a voulu prêter attention à sa démarche qui, en n’en point douter, n’est qu’une vaste escroquerie politique.

De plus en plus, en effet, des voix s’élèvent dans l’opinion publique pour accuser la constitution actuelle de tous les péchés… Des caciques de l’Union sacrée de la nation, en guise de préparation des esprits, envahissent du coup les médias, faisant des analyses et expliquant que, si la RDC ne se développe pas, c’est notamment à cause de ladite constitution.

Dans des réflexions bidons, certains juristes parmi lesquels figurent d’autres qui avaient tenté d’induire Joseph Kabila en erreur, se permettent de prendre les Congolais pour des moutons qui ne réfléchissent pas.

Dans leur juridisme, ceux-ci avancent, entre autres, des arguments, du genre la constitution du 18 février 2006 avait été élaborée par de belligérants, celle-ci avait été rédigée à l’étranger et par une équipe constituée majoritairement des étrangers…

Pourtant, le professeur André Mbata, grand constitutionnaliste du pays et secretaire permanent de l’USN, a toujours affirmé haut et fort que cette constitution, que l’on cherche à remplacer ou à modifier, est la meilleure que la RDC n’a jamais eue depuis 1960.

Sinon, il est étonnant de constater que nombreux faignent d’être amnésiques aujourd’hui, alors que de gens sont même morts à cause de cette constitution.

L’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), jadis parti phare de l’opposition, avait défendu, bec et ongles et avec à la première ligne Etienne Tshisekedi wa Mulumba, la même constitution.

En réalité, tous les arguments que les uns et les autres avancent sont des faux-fuyants. Le pays est confronté à plusieurs problèmes dont la corruption à outrance.

En ce moment où le pays est agressé et que le peuple congolais meurt de faim, sans eau ni courant électrique, il est dangereux de s’hasarder de mettre une telle question sur la table, car le retour de la manivelle pourrait être très violent.

Ceux qui se font passer pour des spécialistes du remplacement ou de la révision constitutionnelle aujourd’hui oublient qu’il y a eu par le passé une manœuvre similaire, mais qui avait avorté. En 2013, le professeur Evariste Boshab avait écrit le livre « Entre la révison de la constitution et l’inanition de la nation », comme pour baliser la voie, mais personne n’en avait voulu.

Quand on sait que derrière toute tentative de révision constitutionnelle il y a des intentions cachées, le peuple qui n’est pas dupe, suspecte quiconque s’évertue à lui proposer cela comme piste de solution à ses nombreux problèmes prosaïques.

Pure manœuvre politicienne…?

Alors que le pays a besoin de mettre fin à la guerre par procuration que le Rwanda mène contre la RDC par le biais du M23, d’aucuns pensent amener les politiques véreux dans des querelles allemandes autour de questions du genre « le sol et le sous sol appartiennent… ». Un peuple agressé, affamé, voire très affamé n’a que faire de telles préoccupations.

Souvenons-nous que, lorsque les Israélites avaient manqué de l’eau et de la nourriture, ils avaient déclaré à Moïse qu’ils préféraient retourner en Égypte. Autant comprendre combien le problème du ventre est très important.

Ce ne sont pas des priorités qui manquent. À Kinshasa par exemple, presque toutes les routes sont détruites, une partie des magistrats nouvellement recrutés broie du noir, les enseignants se plaignent de la modicité de leurs salaires, des fonctionnaires menacent perpétuellement d’aller en grève, le banditisme urbain bat son plein…

La priorité c’est surtout la guerre de l’Est du pays, laquelle continue à provoquer la mort des millions d’innocents et le déplacement de nombreux autres Congolais. On ne se bat pas contre un pays agresseur constitution en main.

En réalité, en ce moment où le gouvernement Suminwa ne sait par où commencer, tout Congolais censé doit considérer la constitution du 18 février 2006 comme une citadelle que l’on ne doit pas prendre, quel que soit le prétexte.

Hubert MWIPATAYI

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