Sud Kivu : le colonel Amos Safari condamné 7 ans après avoir commis un crime contre l’humanité

C’est peut-être le début de la fin de l’impunité au sein de la hiérarchie des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC). La justice militaire sanctionne actuellement tout crime international. Le 19 décembre 2019, le colonel Amos Safari Kateatea a été condamné à 5 ans de servitude pénale pour crimes contre l’humanité, 7 ans après. La Cour a aussi retenu les meurtres, viol, torture et autres actes inhumains commis par le bataillon sous son commandement.

Le colonel Amos Safari Kateatea a commencé à comparaître devant la justice militaire depuis novembre 2019, à Bukavu.  Lui et les hommes qui étaient à son commandement sont accusés d’avoir commis un crime contre l’humanité à l’endroit des populations civiles de Karimba et Musinziro, deux villages du territoire de Kabare, au Sud-Kivu. Il s’agit d’un fait qui remonte à il y a 7 ans.  En 2012, ils avaient férocement attaqué la population de ces coins du pays en torturant, violant et tuant des centaines des victimes, et en pillant leurs biens et en incendiant leurs maisons. À l’époque, les villageois de Karimba et Musinziro avaient trouvé refuge à Lwizi, fuyant les affrontements qui opposaient l’armée régulière aux groupes armés dont les FDLR et Raia Mutomboki.

Safari Kateatea avait rassuré la population en lui demandant de retourner chez elle, la paix étant revenue. Toutefois, avant leur départ, il avait promis de leur rendre visite, en indiquant que, comme signe de son arrivée, il tirerait quelques balles en l’air. Le 21 juillet 2012, vers 5 heures du matin, contre toute attente, les habitants de ces deux villages avaient été surpris par l’arrivée des militaires FARDC placés sous le commandement de Safari Kateatea Amos. Compte tenu de l’avertissement, les civils n’avaient même pas tenté de se protéger. Or, c’était un piège : Amos Safari et ses hommes les avaient férocement attaqué alors qu’ils étaient censés protéger.

La fin de l’impunité

Grâce à son grade de colonel, Amos Safari avait longtemps échappé aux poursuites judiciaires. Pour des motifs non élucidés, il avait été arrêté et libéré en 2012. Sept ans après, soit en mai 2019, l’action de plaidoyer de la Task Force Justice Pénale Internationale au Sud Kivu*a connu du succès. La Parquet militaire supérieur du Sud Kivu a fait arrêter Amos Safari Kateatea et l’a mis de nouveau à la disposition de la justice. À l’approche du procès, les experts de TRIAL International ont aidé les avocats des victimes à documenter les crimes de façon rigoureuse, pour prouver leur caractère répandu et systématique. Plus de 40 victimes de meurtre, viol, torture et pillage ont ainsi pu être ajoutées au dossier. TRIAL International a également été impliquée dans la stratégie juridique des avocats des victimes, avant et pendant le procès.

Le grade n’a plus empêché la condamnation

La responsabilité d’Amos Safari comme supérieur hiérarchique a été reconnue. Son implication directe dans la commission des crimes ne l’a pas été. Malgré la gravité des crimes commis, son manque de formation a été jugé comme étant une circonstance atténuante. Certes la peine prononcée est clémente, mais les droits des victimes n’ont pas été bafoués. La RDC et le prévenu-un agent étatique- ont été condamnés à payer des réparations à la totalité des victimes dans la procédure, environ 100 personnes. Quoi que rares, les affaires judiciaires qui inquiètent les hauts gradés sont une bonne chose dans le cadre de la lutte contre l’impunité.

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