À Nkamba, terre sainte des Kimbanguistes, située au Kongo central, l’artiste Félix Wazekwa s’est livré, en juillet 2019, à un exercice que beaucoup de ses collègues n’oseraient pas faire même en blaguant. Le patron de l’orchestre Cultur’A Pays Vie qui a affirmé travailler rien qu’avec l’appui de Dieu, a demandé au chef spirituel des Kimbanguistes, Simon Kimbangu Kiangani, de lui faire entrer au mausolée où repose le corps du prophète Simon Kimbangu, lieu dans lequel ne peut entrer quelqu’un qui opère grâce aux fétiches.
Félix Wazekwa n’a pas voulu laisser l’opportunité lui offerte à Nkamba sans démentir la rumeur selon laquelle tous les artistes font de la musique en recourant aux fétiches. Il a expliqué aux fidèles kimbanguistes qu’il fait de la musique sans gri-gri. « Généralement, on connait de musiciens comme de personnes qui opèrent avec des fétiches. En dansant, si vous faites un geste, certains l’interprètent comme un signe satanique. Parfois on met en relation certains de nos actes avec du chanvre. Pourtant, tel que je suis devant vous, je n’ai jamais touché aux fétiches. D’ailleurs, quelqu’un qui a de fétiches n’accepte pas de venir à Nkamba », a-t-il affirmé. Pour que le monde sache que je n’ai pas vraiment de fétiche, a-t-il déclaré, je demande à papa Simon Kimbangu de m’amener là où se trouve le corps inerte de Papa Simon Kimbangu parce qu’on dit que les personnes qui ont de fétiches n’y entrent pas. « Qu’il m’y fasse entrer. On dit que là on ne blague pas », a-t-il martelé. Lorsque vous dansez ‘’Fimbou’’, a-t-il enchaîné, lorsque vous auditionnez mes chansons, cela est fait rien qu’avec l’appui de Dieu. « Si papa Simon Kimbangu m’y amène et que j’y reste, le discours que je tiens en ce moment sera inutile. Papa Simon, choisit un jour, je suis ici aujourd’hui et demain, pour m’y amener et donner au monde entier la possibilité de comprendre que je travaille rien que par la main puissante de Dieu, je ne connais pas d’autres voies », a-t-il supplié. « C’est ce que je suis venu demander à Papa Simon Kimbangu. Si je rentre sans voir le corps de Papa Simon Kimbangu, ce sera la faute de Papa Simon tel qu’il est assis là. Même s’il oublie, que les protocoles le lui rappelle », a-t-il argué. Félix Wazekwa est un musicien qui recourt souvent à la bible et qui ne chante pas des insanités. Son premier album, sorti vers la fin des années 90 avait Tétragramme ( יהוה) retranscrit en français par YHWH.
Petit-fils d’un « entêté » qui avait soutenu Kimbangu
L’occasion était pour « Mukua Bongo » de parler aussi de son grand-père qui avait refusé de signer le document de mise en arrestation du prophète Simon Kimbangu. À l’en croire, il a hérité de l’obstination de son grand-père, lequel fut un vrai « têtu ». « Lorsque je grandissais, mon père qui s’appelle aussi Félix Wazekwa, me rapportait que mon grand-père avait refusé de signer le document de la mise en arrestation de Simon Kimbangu. Il me disait aussi toujours que j’avais hérité de sa tétutesse, étant donné que je n’aime pas des futilités », a-t-il expliqué avant d’ajouter : « Aujourd’hui, je remercie ce grand-père pour son indocilité. Au nom de la vérité, un homme doit être ainsi. Ce n’est pas parce que les chefs des groupements de Mbanza-Ngungu avaient signé ledit document que lui aussi devait le faire. Pour lui, cela n’avait aucun sens ».
Se souvenir de Joseph Diangienda
Comme dans ses habitudes, Félix Wazekwa a recouru à ses verbes pour allégoriquement faire comprendre aux Kimbanguistes la nécessité de se souvenir des êtres chers qui à un moment ont vécu en posant de grands actes. Avant toute chose, il a remercié le chef spirituel Kimbanguiste pour son invitation, en appelant les Kimbanguistes à se remémorer de la mort de Papa Joseph Diangienda Kuntima, relevant qu’il est important que les gens se souviennent de celui qui est décédé, pour ne pas oublier ce qu’il avait fait d’important. Cela, leur a-t-il dit, est une façon de vaincre la mort. « Un jour, un grand général occidental avait réuni de troupes munies d’armes de toutes sortes. Se trouvant devant eux pour donner des ordres, il s’était curieusement mis à pleurer. Lorsque ses proches lui avaient posé la question de savoir pourquoi il pleurait, il a donna comme réponse : j’ai mis en place une grande armée, capable de tuer tous les ennemis. Si je pleure, c’est parce que cette armée, quoique grande, ne peut malheureusement tuer la mort. Cela veut dire qu’un jour la mort vaincra tout le monde », a-t-il illustré. Et lui d’ajouter : «La façon de gagner la mort est de penser aux êtres chers, surtout pour ce qu’ils avaient fait au moment où ils étaient vivants. Voilà pourquoi je remercie papa Simon Kimbangu pour son invitation. N’oublions pas papa Diangienda et ce qu’il avait fait ». Toutefois, S Grave a précisé qu’ils n’étaient pas là pour rendre un culte aux morts. Nous ne sommes pas ici, a-t-il insisté, pour lui parler parce qu’il ne nous entendra pas, mais, pour nous souvenir de ce qu’il avait fait, ce qu’il a apporté à l’église Kimbanguiste. « Ce n’est pas une vaine démarche », a-t-il argué.
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